Le canton de Vaud autorise l'échange de seringues stériles dans ses prisons

Est-ce une obligation légale? Oui. L'article 30 de l'Ordonnance sur la lutte contre les maladies transmissibles de l’homme (OEp) du 29 avril 2015, intitulé «Mesures de prévention dans les établissements de privation de liberté», dispose que : «les établissements de privation de liberté doivent veiller en particulier à ce que les personnes dont ils ont la charge (…) aient accès, selon les besoins et la situation, aux moyens permettant de prévenir et traiter les maladies sexuellement transmissibles ou transmissibles par le sang, en particulier à des préservatifs, à du matériel d’injection stérile et à un traitement à base de stupéfiants». Selon l'OBSAN, 10 établissements pénitentaires proposaient un accès au matériel d'injection stérile en 2016. Il n'existe pas de chiffres actuels.
Pourquoi une telle mesure? Selon #prison.info 2/2019, le taux de dépendance aux substances illicites est élevé au sein de la population pénitentiaire, et l’échange de matériel d’injection en prison contribue à diminuer la prévalence de maladies transmises par le sang en prison, par rapport à la population générale. Les programmes d’échange de seringues en détention préviennent la transmission du VIH et des hépatites virales. De plus, ces programmes permettent une diminution des comportements à risque, de la survenue d’abcès, de l’incidence de troubles psychologiques et une meilleure connaissance des maladies infectieuses. Il a été démontré que ces programmes n’augmentent pas la quantité de drogue consommée, et aucun cas d'utilisation de seringues comme arme contre des codétenus ou des agents de détention n’a été signalé dans les prisons ayant implémenté ce type de programme
Est-ce une première en Suisse? Non. Selon un article du journal Le Temps du 24 juillet 2016, signé Fati Mansour, un premier essai officieux de remise de matériel d’injection en milieu carcéral s'est déroulé en 1992, dans la prison d’Oberschöngrün, près de Soleure. Deux ans plus tard, en 1994, le premier projet pilote officiel du monde consistant à installer un distributeur d’échange de seringues dans le but d’enrayer l’épidémie du sida a été réalisé dans la prison pour femmes de Hindelbank, dans le canton de Berne. Par la suite, d'autres cantons et établissement ont suivi, notamment à Genève dans la prison de Champ-Dollon, qui a mis en palce avec succès cette prestations depuis de nombreuses années (pour un état des lieux datant de 2016, lire le rapport de l'IUMSP)