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Cannabis: l'amende de 200 euros en France ne convainc pas

15.09.2020

Après de longs débats, l’amende forfaitaire de 200 euros (mais jusqu'à 450 selon le délai de paiement) pour consommation de stupéfiants est introduite depuis le 1er septembre en France. Elle vise particulièrement le cannabis. A travers la voix de sa déléguée générale Nathalie Latour, la Fédération Addiction estime que cette amende ne sera pas efficace. Elle l'a dit à "Le Monde".

Fumer du cannabis dans la rue pourra coûter de 150 à 450 euros d’amende selon la modalité de paiement (immédiate, cash, en retard, etc.)

Mais voilà, on sait qu'une mesure répressive n'est pas efficace. C'est ce que répond Nathalie Latour à la question de l'effet d'une telle mesure pour baisser le niveau de la consommation de cannabis. Selon la Fédération Addiction, l'amende va permettre surtout une plus grande efficacité de la police et de la justice. Elle regrette au contraire qu'il n'y ait pas eu "un mot sur la prévention, l’éducation ou l’accompagnement des mineurs".

Elle estime aussi que l'amende va créer une inégalité entre personnes, entre ceux qui auront les moyens de consommer en espace privé et ceux qui ne le pourront pas. "Tous les marqueurs de la loi de 1970 pénalisant l’usage de stupéfiant sont par ailleurs maintenus. Est-ce que les gens pris en situation de récidive, c’est-à-dire avec une consommation compliquée, devront vivre avec l’épée de Damoclès d’une peine de prison au-dessus de la tête ? Il faut des programmes d’éducation et de prévention dans les milieux scolaires, associatifs, auprès des familles et redéfinir des interdits qui ont du sens."

Tandis que la Fédération Addiction prône une réglementation du cannabis, le ministre de l'Intérieur Darmanin freine des quatre fers. Alors qu'ailleurs en Europe, la régulation avance à petits pas, "la France se raidit-elle?" demande le quotidien. Nathalie Latour: "Aujourd'hui sept pays de l’Union européenne sont encore dans un interdit pénal de la consommation de cannabis. Tous les autres ont basculé vers une interdiction administrative ou d’autres formes de réglementation".

Même sur le plan international, les organisations adoptent des discours plus pragmatiques pour en finir avec la guerre à la drogue. Signe que les choses sont en train de changer vers des visions plus globales et non seulement centrées sur la sécurité.