Seniors

Introduction

En représentant 18% de la population helvétique, les personnes de plus de 65 ans peuvent également souffrir de problèmes d’addiction. Moins sensibilisée à la problématique, cette génération est notamment celle qui boit le plus d'alcool et consomme le plus de médicaments. Les pertes et transitions associées au processus de vieillissement peuvent être difficiles à gérer et favoriser ainsi le début d’une consommation ou aggraver une consommation de substance préexistante.

Contexte

Il est difficile de déterminer à partir de quel âge une personne est considérée comme étant « senior », car cela dépend de plusieurs facteurs. Cette catégorie fait l’objet d’une construction sociale arbitraire, toutefois il semble que le processus de vieillissement démarre vers l’âge de 50 ans avec une diminution de la proportion d’eau dans le corps, ce qui modifie les effets des psychotropes, notamment de l’alcool. Ainsi, maintenir le même niveau de consommation en vieillissant peut avoir des conséquences négatives sur la santé et augmenter le risque d'accidents et de chutes. Il existe également un risque d'interaction avec les médicaments pris par les seniors. L'alcool, par exemple, peut renforcer, diminuer ou modifier l'effet de beaucoup d'entre eux.

En outre, avec le vieillissement démographique, le nombre d’usagers entrant dans la classe des seniors est en augmentation. De par leur consommation et leur parcours de vie, ceux-ci peuvent engendrer des défis qui requièrent d'adapter les structures actuelles afin de pouvoir les accueillir au mieux.

Enjeux

Le passage à la retraite et la disparition de son entourage ou à l’inverse la surcharge liée à de nouvelles activités, la vie en EMS, le regard des autres peuvent être des facteurs de risques amenant ou renforçant une consommation de substances.

Banalisation

Les générations de retraités actuels n’ont pas été sensibilisées à la problématique de la même manière que les générations suivantes et possèdent un rapport différent aux substances. D’ailleurs, la tranche d’âge des 64-75 ans est la seule chez laquelle la consommation ne baisse pas.

Sujet tabou

Les proches n’ont pas envie d’interdire l’alcool aux seniors « car cela leur fait plaisir ». En outre, l’idée reçue selon laquelle la sagesse viendrait avec l’âge, les abus d’alcool ne sont pas remis en cause, en particulier chez les femmes. Elles sont pourtant concernées par la problématique, entre autres parce qu’elles sont davantage touchées par l’isolement social et la précarité.

Repérage et réduction des risques

Nous savons que les modifications physiologiques qui surviennent durant le processus de vieillissement aboutissent à une diminution de la tolérance face aux effets des psychotropes avec un accroissement des risques pour des consommations moindres. Les consommations problématiques sont difficiles à repérer chez les personnes âgées en raison de la diversité des troubles propres à leur âge. Par exemple, les chutes fréquentes sont attribuées à l’âge et les pertes de la mémoire sont considéré comme un symptôme de démence précoce. Pourtant, dans les deux cas, la cause peut également être attribuée à une consommation excessive d’alcool.

En raison de cette complexité, il est important d’établir un dialogue avec la personne âgée autour de leur consommation de substance. Afin de réduire les risques, la prévention doit s’organiser de manière à renforcer les facteurs de protections. Les principaux axes à développer sont les suivants :

  • Informer la population concernée, à travers par exemple des mesures de préparation à la retraite en milieu professionnel.
  • Renforcer les compétences des professionnels (p. ex les pharmaciens et les médecins) et les rendre attentifs aux spécificités de la consommation dans cette tranche d’âge.
  • Sensibiliser les proches de la personne, notamment l’entourage. Il s’agit d’apporter une information précise et pertinente afin de leur permettre d’identifier d’éventuelles consommations à risque.
Position des professionnels

Développer des mesures de prévention spécifiquement adressées aux seniors implique de développer davantage la collaboration interprofessionnelle et offre l’opportunité de renforcer les échanges entre les spécialistes du domaine addiction et les professionnels des domaines socio-sanitaires concernés (EMS, soins à domicile, structure d’accueil journalier…). Les conduites addictives, comme l’ensemble des problématiques inhérentes aux consommations de drogues, font encore aujourd’hui l’objet de partis pris idéologiques qui freinent la mise en œuvre de réponses adaptées. Former les professionnels non spécialisés dans les addictions représente donc un enjeu important pour diminuer l’impact des fausses croyances sur les pratiques. Le GREA s’engage pour renforcer les compétences de chacun en participant à créer un environnement favorable au développement des membres de la communauté dans une logique d’Intervention Précoce.