Réduction des risques

Sous ce concept, on désigne communément l’ensemble des lois, des programmes et des pratiques qui visent à réduire les dommages associés à l’utilisation de substances psychoactives, par des personnes qui sont dans l’incapacité ou qui n’ont pas la volonté de cesser de consommer.

Sous ce concept, on désigne communément l’ensemble des lois, des programmes et des pratiques qui visent à réduire les dommages associés à l’utilisation de substances psychoactives, par des personnes qui sont dans l’incapacité ou qui n’ont pas la volonté de cesser de consommer. Une des caractéristiques essentielles de cette approche, est qu’elle se concentre sur les personnes elles-mêmes et les risques encourus, plutôt que sur la prévention de la consommation de drogues.

 

La réduction des risques a pour objectif d’accompagner l’usager de drogues dans la préservation de sa santé. Elle vise à lui permettre de traverser et de survivre à la phase de consommation avec un minimum d’atteintes sur le plan physique, psychique et social. Il s’agit d’une approche pragmatique et soucieuse de la dignité des personnes, que celles-ci soient dans une consommation occasionnelle ou face à une dépendance avérée depuis plusieurs années.

 

 

 

  Le site sur la RdR édité par le GREA

     

Plus concrètement, réduire les risques c’est, par exemple, remettre des seringues stériles aux consommateurs qui pourraient s’infecter avec une seringue déjà utilisée par autrui. Mais c’est aussi favoriser l’accès aux traitements, à la reinsertion (logement, travail) et au soutien nécessaire à chaque personne, selon sa situation.

http://www.salledeconsommation.fr/

Argumentaire 2008 sur l’efficacité de la reduction des risques

 Lieux de distribution de matériel stérile (seringues) en Suisse romande

 

Réduire les risques c’est d’abord garantir des conditions minimales de survie

Les difficultés rencontrées par les usagers de drogues dans l’accès au logement et au travail compliquent leur réinsertion et donc leurs chances de sortir à long terme de leur dépendance. Souvent plongés dans l’extrême précarité, les usagers ne possèdent plus les moyens physiques et/ou psychiques d’envisager un arrêt de leur consommation.  Pour inverser cette spirale, il est donc nécessaire de commencer par garantir des conditions minimales de survies. L’accès au logement, à la réinsertion sociale et à l’emploi sont donc aussi des composantes essentielles de la réduction des risques. Ce volet social de la réduction des risques est trop souvent mise de côté au profit de la seule dimension sanitaire.

La Suisse a plus de 20 ans d’expérience dans le domaine. Sa politique de santé publique audacieuse et pragmatique, qui s’est principalement développée pour faire face au développement du VIH/sida, porte aujourd’hui ses fruits. La réduction des risques est un des 4 piliers de cette politique en matière de drogue, qui comporte également la prévention, la thérapie et la répression. La réduction des risques est complémentaire aux autres mesures existantes pour faire face aux problèmes de société liés aux drogues.

 

Quelques repères historiques pour la Suisse

Jusqu’au milieu des années’80, les programmes de traitement pour les consommateurs de drogue sont uniquement basés sur un objectif d’abstinence complète. Cette politique thérapeutique a pour effet d’exclure des centres de traitement une large partie des consommateurs.  Les scènes ouvertes de la drogue se multiplient et les overdoses mortelles se comptent par centaines.

Au milieu des années ’80 les premières structures d’accueil à bas seuil voient le jour dans les grandes villes alémaniques. Elles sont alors mises en œuvres par les usagers eux-mêmes, notamment pour bénéficier de matériel d’injection stérile.

En 1988, sur 1660 nouvelles infections au VIH, la moitié (840) concerne des usagers de drogue injectable. Les professionnels de la santé réalisent que les programmes résidentiels d’abstinence ne suffisent plus. Les centres d’accueil à bas seuil se multiplient dans toute la Suisse et se professionnalisent.

Au début des années ’90 les options thérapeutiques s’élargissent avec notamment la généralisation des programmes de substitution via la prescription de méthadone.

En 1994, dans une prise de position,  le Conseil fédéral défini les quatres piliers comme base de la politique des drogues en Suisse. La réduction des risques est le quatrième pilier.

En 1999, le peuple suisse accepte le principe de la prescription d’héroïne (54% de oui).

En 2008, le peuple suisse accepte la révision de la Loi sur les stupéfiants. La réduction des risques est ancrée dans la loi (68% de oui).

L’histoire de la politique des 4 piliers (en anglais)

 

La réduction des risques en milieu festif

Depuis la fin des années’90, le principe de réduction des risques a aussi gagné le monde de la nuit. L’apparition des drogues de synthèses et les incertitudes relatives à leur composition ont incité les professionnels à franchir la porte des clubs pour entrer en contact avec les usagers. A Zurich, depuis plus de 10 ans, Streetwork promène son laboratoire mobile à la sortie des discothèques. On y pratique le « Drug Checking » à savoir, une analyse chimique des sustances. Des tests ont par exemple montré que 85% des pilules d’ecstasy vendues sur le marché ne contiennent pas de MDMA (principe actif) mais d’autres produit chimiques parfois très dangereux. Le Drug Checking est surtout unoutil de responsabilisation de l’usager,ainsi qu’un moyen extraordinaire d’entreren contact avec des usagers qui n’ont pas pour habitude de fréquenter les structures classiques de prise en charge. Il offre aux professionnels la possibilité de fournir des informations individuelles et personnalisées sur les substances ainsi que sur les risques encourus. En Suisse romande, seul le canton du Jura pratique le Drug Checking.

Le site de référence en Suisse alémanique

Le communiqué de presse du GREA sur les 10 ans du Drug Checking

 

La réduction des risques à l’échelle internationale

Il existe d’énormes disparités selon les pays en matière de réduction des risques. L’Europe occidentale ainsi que l’Australie et la Nouvelle Zélande ont mis sur pied des politiques de réduction des risques relativement tôt, qui ont permis de maintenir des faibles taux de contamination au VIH au cours des dernières années. Aujourd’hui, la réduction des risques est employée à des degrés divers dans 93 pays et territoires à travers le monde, dont la Chine, l’Iran et l’Afghanistan.  

Malgré cette reconnaissance mondiale du concept de réduction des risques, le terme reste controversé au sein des institutions internationales. Bien que ce concept soit approuvé par de nombreuses agences bilatérales et multilatérales (par exemple, l’ONUSIDA et le Conseil des Droits de l’Homme), aucun consensus n’a encore été atteint au sein de la Commission des Stupéfiants de l’ONU. Ce concept a d’ailleurs été omis dans la nouvelle Déclaration Politique sur la Drogue de 2009. 26 Etats ont officiellement exprimé leur opposition à cette omission et ont déclaré qu’ils interpréteraient le concept de « services de soutien associés » utilisé dans le document comme signifiant «réduction des risques ».

Dans les pays n’ayant pas mis en place de politique de réduction des risques le taux d’infection au VIH parmi les usagers de drogues injectables approche voire dépasse les 40%. C’est le cas notamment de la Russie, de la Thaïlande, de l’Argentines et du Brésil.

Le réseau européen de réduction des risques

Harm Reduction International