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Le CHUV ouvrira sa cellule de dégrisement en avril

23.03.2015

C'est le 2 avril que le CHUV inaugurera son unité de dégrisement de 4 lits pour une prise en charge qui coûtera 50 francs. Le GREA estime que c'est une amende déguisée qui va à l'encontre de notre système de soins.

Les patients devront payer un forfait de 50 francs pour l’hébergement. La prise en charge médicale est remboursée par la LAMal, ce que conteste une initiative parlementaire - dite "Bortoluzzi (voir page Focus) -, dont la consultation est terminée, en cours de traitement au niveau de l'administration fédérale.

C'est l'Unité de dégrisement au sein de la Policlinique médicale universitaire qui accueillera les personnes qui ont abusé de l'alcool. Elle sert à décharger les urgences, débordées. Selon le directeur du CHUV, 30% des personnes qui y seront accueillies seront des jeunes qui n'ont pas besoin d'être aux urgences mais qui, faute d'être ramenés en toute sécurité à la maison, atterrissent à l'hôpital. Le projet-pilote durera 9 mois.

Position du GREA

Dans un article du 24heures du 20 mars (ci-dessous), Jean-Félix Savary, secrétaire général du GREA, répond aux questions de Marie Nicollier.

Que pensez-vous de ce forfait de 50 francs?

C’est une amende déguisée, une décision politique imposée au CHUV. Cette envie de punir ceux qui ont une attitude inadaptée ne fait pas sens au niveau sanitaire. On mélange deux philosophies: celle du système de soins, qui est d’aider ceux qui en ont besoin, et celle du système judiciaire, qui est de punir les infractions. Il y a bien sûr une responsabilité individuelle, mais, à un moment donné, il faut choisir: soit on s’occupe de morale, soit de santé. Ces gens sont en danger. En Suisse, 15% des décès sont liés à l’alcool.

Le forfait n’est pas énorme.

Nous sommes d’accord. Mais, sur le fond, le système de santé doit éviter toutes les barrières qui restreignent l’accès aux soins. Cette amende touche plus de monde que l’on ne croit. 90% des gens qui passent la nuit à l’hôpital pour une intoxication à l’alcool ont plus de 23 ans; plutôt entre 40 à 70 ans. Des alcooliques chroniques, souvent marginalisés. Qui va payer? L’aide sociale. Cette somme ne va pas les retenir mais renforcer leur sentiment de honte. Cela peut les éloigner des soins. Au final, la démarche est hypocrite.

Comment cela?

Le marché de l’alcool en Suisse est l’un des plus libéraux d’Europe. On peut acheter une bouteille de vodka à 10 fr. et le projet de loi fédérale sur l’alcool veut encore baisser les taxes. On sait que la baisse des prix a d’abord une incidence sur la consommation des jeunes. Les pointer du doigt ensuite et leur demander de payer est injuste.

Quelle solution privilégier?

Tirer profit de ces admissions pour intervenir précocement et éviter que la personne ne devienne alcoolique. Le CHUV le fait déjà. Et ça marche.